JOUR 14 - 13 septembre 2018 Arzua – O Pedrouzo (24km)
JOUR 14
13 septembre 2018 Arzua – O Pedrouzo (24km)
Départ à trois pour Arzua avec le sergent Garcia qui nous dépose à l’entrée du Camino dans la brume qui se lève. En tout cas, elle ne s’est pas encore levée dans la tête de la Blonde qui croit voir une langue de 80 cm sortant de la bouche d’une vache alors qu’il ne s’agit que d’une banale baguette de pain en cours d’engloutissement par la bête à corne.
La balade est belle, toujours bordée d’eucalyptus, nous suivons les bornes du « camino complementario », voie alternative au chemin classique qui nous permet d’éviter les bords de route et nous emmène dans les bois par des sentiers empierrés qui longent ou traversent des sources et des ruisseaux au clapotis rafraichissant.
À San Breixo de Ferreiros, nous longeons la Casa Tia Dolores dont les milliers de cannettes de bière Peregrina, bues et signées par les pèlerins, ornent la façade, les arbres, les pots, les jardins !
Les bornes qui rappellent le nombre de km à faire jusqu’à Santiago se multiplient et, à notre avis, en plus des graffitis et souvenirs laissés par des marcheurs qui ont peur d’être oubliés ou pensent avoir quelque chose à dire d’essentiel, affichent des chiffres fantaisistes … genre 28,768km … mais on se rapproche…
Les bords du chemin de Compostelle sont ponctués de croix, de stèles, de cairns, qui rappellent qu’ici, un pèlerin a perdu la vie. Nationalité, sexe, âge, tous sont représentés, on est égaux devant la mort : là, un jeune homme de 17 ans, une colombienne de 50 ans, ici la plaque de bronze de Guillermo Watt qui a perdu la vie le 25 août 1993 à l’âge de 69 ans, à une journée de marche de Santiago… C’est ballot …
À Boavista, nous faisons une halte pour une ultime ensalada mixta et, continuant notre route, nous montons à l’alto de Santa Irene. Mumu a mal aux pieds, elle qui grimpe comme un chamois d’habitude peine à avancer. Alors que nous approchons d’O Pedrouzo en marchant sur la route goudronnée, elle s’arrête, se déchausse pour essayer de soulager ses pieds endoloris, et constate des gonfles, des points de pression qui ne sont pas habituels. Se rechausser pour reprendre la marche est un effort surhumain, quand nous atteignons enfin la pension Arca, elle est allée au bout de ses forces et se jette sur le canapé, jambes en l’air, sous le regard effaré de la réceptionniste. Au bout de quelques minutes, elle réussit à se traîner dans la chambre au premier étage, mais avec la douleur, la fatigue, la déshydratation, elle est prise de tremblements incontrôlables qui nous font envisager des scénarios catastrophe d’urgence et d’ambulance. Après consultation téléphonique de Pierre et légère amélioration, nous convenons d’essayer de la réhydrater le plus vite possible. Pendant qu’Odile fonce pour trouver une pharmacie ouverte, je lui fais subir le supplice de l’entonnoir en l’obligeant à boire, manger un peu, puis Odile revenue avec des sachets de poudre de récupération pour sportif et des comprimés de vitamines et minéraux, nous la noyons et enfin nous retrouvons notre Mumu !
Rassurée (et nous aussi !) par sa récupération, elle nous accompagne, malgré ses pieds de hobbit, 500m plus bas au restaurant de la demi-pension. Constatant que son abstinence d’hier soir n’a pas amélioré son état, bien au contraire, nous fêtons ensemble à la bière (une seule, faut pas pousser !) cette arrivée mouvementée !
Le menu du pèlerin est toujours le même, terneras ou lomo ou merluzza, et en prime la table est mauvaise… Dure journée, il est temps d’aller récupérer …
Bière – 25
Ampoule – concurrencée par des excroissances diverses
Merlu – 9