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14 mai 2020

Compostelle FIN - JOURS 18 - 19 - 16 et 17 septembre 2018 Parentis - Bournan – Tannerre - Paris (408km - et le reste)

JOUR 18 - 19
16 - 17 septembre 2018  Parentis  - Bournan – Tannerre - Paris (408km - et le reste)
 
Qui n’a pas goûté le smoothie à l’orange et le far breton d’Emmanuelle ne sait pas ce qu’est un bon petit déjeuner.
Il faut tout de même repartir et c’est à regret qu’à 10heures, nous roulons vers la Touraine pour le dernier road trip 2018 des 3 coquillettes. Google maps et Tripadvisor nous emmènent à Niort pour déjeuner en terrasse au soleil et essayer de retenir le temps : en rentrant à la maison, nous  tournons la page d’une histoire qui nous porte depuis 5 ans, le but est atteint. Malgré nos hésitations (est-ce qu’on s’arrête à Saint-Jean Pied de Port ? Est-ce qu’on fait la partie espagnole ? Oui ? Non ? Par quelle voie ?),  nous sommes allées jusqu’au bout de notre rêve mais  nous sommes bien décidées à continuer sur d’autres chemins ! Attablées devant des mojitos sans alcool, nous ne voulons pas que ça finisse, pas question de ranger nos godillots ! Près de nous, des amoureux nouvelle formule regardent  leurs smartphones respectifs dans le blanc des yeux, bien loin de nos préoccupations randonneuses.
 

Compostelle 2018 : d'Astorga à Santiago de Compostela - Le récit Image036  Compostelle 2018 : d'Astorga à Santiago de Compostela - Le récit Image038

 

Compostelle 2018 : d'Astorga à Santiago de Compostela - Le récit Image040    Compostelle 2018 : d'Astorga à Santiago de Compostela - Le récit Image042

 
 Les projets ne manquent pas : le GR70 (chemin de Stevenson), traversée des Cévennes qui se fait selon la tradition avec un âne (avec  Didile nous sommes parées haha !).
L’écosse et le Great Glen Way : marcher dans les bruyères entre deux pubs et deux distilleries de Scotch Whisky doit s’avérer plein de charme(s)…
Compostelle par le Camino Norte, la côte, pourquoi pas ! Sous réserve de trouver des moyens d’échapper aux traversées des grandes villes.
En attendant, de retour au bercail, nous reprenons de la bière, mangeons léger, il est temps, et regagnons nos chambres pour rêver de nos prochaines expéditions. Demain le trio se sépare, la vie de tous les jours reprend ses droits, nous n’en avons pas fini pourtant… À l’année prochaine pour de nouvelles aventures !
 

Compostelle 2018 : d'Astorga à Santiago de Compostela - Le récit Image044

 
Un dernier bilan pour la route : Bière : 29  / Ampoule Mumu : en réparation / Merlu : 9

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14 mai 2020

JOUR 17 - 15 septembre 2018 Leon - Parentis (569km)

JOUR 17
15 septembre 2018  Leon - Parentis  (569km)
La nuit n’a pas été fameuse… D’abord le bruit, pénible, ensuite la température : il a fallu éteindre la clim, impossible à régler, mais en me réveillant vers 3 heures du matin, il fait 40 degrés… Je la remets, enfin je tente, pensant la laisser un petit quart d’heure puis l’éteindre à nouveau, sauf que je n’entends pas le bruit de la soufflerie et que l’écran ne s’allume pas. J’en déduis que je ne l’ai pas remise en route et je me recouche, trouvant que finalement il ne fait pas si chaud ! Normal puisqu’en fait elle fonctionne (il doit y avoir une position « nuit » qui atténue bruit et lumière). Le matin au réveil, il fait -12 et Didile est congelée, hummm, je me fais oublier…
Heureusement, nous avons récupéré le compte de nos serviettes, je m’éclipse donc pour prendre une bonne douche, me préparer et ranger mes affaires.
Odile prend ma place dans la salle de bain pour tenter de se réchauffer sous l’eau bien chaude.
Je récupère ma fidèle multiprise, celle qui me permet de recharger smartphone, tablette et liseuse (je suis une coquillette 2.0) mais comme je dispose d’un lit d’appoint glissé devant un bureau, j’ai dû la brancher où j’ai pu, derrière le meuble, sur une autre multiprise murale pleine de fils en tous genre. Je la débranche, mais en la remontant, le fil s’accroche dans les autres câbles, je tire et crac boum gzzzzzz ! Une grande flamme bleue jaillit du tas de fils, le noir se fait, tout a sauté … De la salle de bain émerge la petite voix de Didile : « vous avez de la lumière, vous ? ». À part la veilleuse, pas vraiment… Mais c'est déjà plus qu’elle… J’entrebaille la porte pour qu’elle puisse distinguer quelques ombres, et comme de surprise elle avait laissé échapper les deux flacons qu’elle tenait dans les mains, elle se lave les cheveux au gel douche et le corps au shampoing… D’après elle, le résultat cosmétique est différent, je lui fais confiance.
Je pars empoisonner une nouvelle fois le pauvre réceptionniste qui me suit dans le noir (les volets de la chambre sont électriques donc en panne) en lui recommandant de ne pas entrer dans la salle de bain, toujours occupée par un bloc de mousse qui tente de se rincer. Il est dépassé, ne sachant que faire, nous propose une autre chambre, ce qui n’a aucun intérêt, à part celui de voir Didile raser les murs à poil dans le couloir. Même si c’est de manière bien involontaire, il semble que la boule soit vengée…
Nous remballons nos affaires à tâtons et tout de même, la série noire s’arrête là: l’employé est radieux de nous voir partir et je ressors du garage comme une reine (facile quand on sort bien droit, même si les rétros passent tout juste).
Quelques heures d’autoroute plus tard, nous sommes au pays basque et cherchons une table pour déjeuner. Mumu propose de sortir vers Deba, premier village sur l’océan, pour manger sur le front de mer avant de reprendre la route vers la France. Cap sur Deba, donc, et j’attaque la route toute en courbes qui descend vers le village. À chaque virage, des aménagements permettent de se garer pour profiter de la vue, et depuis le début, ils sont blindés de voitures. Plus nous descendons, plus les voitures s’entassent, et quand nous arrivons enfin en vue de Deba, le coup d’œil sur la petite baie sableuse est édifiant… La moitié du pays est en train de bronzer ou de se baigner sur cette plage ! Impossible de stationner, nous finissons après moults essais infructueux par remonter d’où nous venons, l’estomac dans les talons !
Tout en haut, à Itziar, la vue est belle aussi et surtout il y a un restaurant, c’est là que nous prenons notre dernier repas en Espagne et refermons le livre sur notre périple ibérique, no hay atajo, sin trabajo (point de sentier, sans quelques encombres).
 

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Vers 17h, nous arrivons chez Emmanuelle et Christian, dans leur propriété de rêve, maison de maître dans un parc ombragé de vieux chênes. Emmanuelle est en cuisine avec Christian, en notre honneur, mais elle prend le temps de nous faire visiter son domaine, « la Chambre à Part », le gîte de la roulotte, extraordinaire, et nous emmène prendre possession de nos chambres, à l’étage qu’elle nous a réservé ! Chaque pièce est un écrin qu’elle a patiemment décoré, tout est parfait, recherché, et nous pouvons choisir notre havre pour la nuit. Mumu s’installe dans la « Chambre Claire », Didile dans la « Chambrière » et moi dans la « Chambre à Bulle ». Je pars à la recherche de notre hôtesse qui, dans une odeur fabuleuse de bonne cuisine, sort et rentre des plats du four, prépare des mini-pizzas pour l’apéritif et se demande s’il y en aura assez… Je la rassure (il n’y en a que pour 14 ou 15 personnes mais pour 5, ça devrait aller hihi) et nous partons faire le tour de ses chevaux qui attendent leur deuxième service. Muriel et Odile nous rejoignent, Christian revient du travail, il est l’heure de passer à table, après une petite leçon de génétique des robes pendant que Christian prépare la Soupe Champenoise (slurp).
 

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Maintenant que nous savons tout désormais des robes de base, des gènes gris, dun et silver, nous rangeons les pots de peinture, les vides et les pleins (hein que j’ai tout bien retenu !) et descendons nos flûtes de Soupe sans nous faire prier ! Pendant ce temps le confit de canard grille dans la cheminée, le gratin de potimarron réchauffe, les huitres et le saumon attendent et le dessert aux pommes embaume le four… L’adresse et bonne, je ne sais pas si Christian et Manu se rendent compte qu’avec un accueil pareil, ils ont de fortes chances de nous revoir souvent …
Nous les quittons à point d’heure pour aller passer une nuit parfaite dans des draps de satin parfaits.
 
 

14 mai 2020

JOUR 16 - 14 septembre 2018 Santiago de Compostela - Fisterra – Leon (332km)

JOUR 16
14 septembre 2018  Santiago de Compostela  - Fisterra – Leon  (332km)
Je reviens sur l’apôtre Jacques, Jacques le Majeur, Jacques de Zébédée, Saint Jacques de Compostelle : c’est "toudi le même" comme disent les chtis !
Pêcheur du lac de Tibériade, il fait partie des tous premiers disciples de Jésus et c’est rien moins qu’un des douze apôtres.
Selon la légende, il part évangéliser l’Espagne où il rate complètement son coup, à peine quelques rares convaincus qui se comptent sur les doigts d’une main, et finit par débarquer en Galice, se dirigeant vers Compostelle. Apprenant les persécutions des chrétiens à Jérusalem, il y retourne pour soutenir les croyants, réussit à vaincre un magicien qui corrompait la ville, mais se fait décapiter vers 41-44 (premier apôtre à subir le martyre). Ses disciples hyérosolymitains subtilisent son corps, le mettent sur un bateau sans gouvernail et le confient aux anges et à la providence.
L’embarcation aborde les côtes de Galice où quelques disciples rescapés du premier voyage le posent sur une pierre dans laquelle il se fond, façon sarcophage. Et les siècles passent, la sépulture tombe dans l’oubli.
Il faut attendre 800 ans pour qu’un ermite, Pelayo (Pélage), le 25 juillet 813, ne reçoive la révélation : une étoile brillant au dessus d’un champ désert et indiquant le lieu saint de la dépouille (campus stellae = Compostelle).
Il en fait part à l’évêque Théodomir qui se frotte les mains : rien de tel que des reliques de saint pour attirer les pèlerins et faire la fortune d’une ville chrétienne, il décrète 3 jours de veille et de prières et décide de procéder aux fouilles.
Bien sûr, d’autres lieux ont répertorié les nombreux os de Saint Jacques … En France, pendant la période médiévale, on dénombre 3 tombeaux, 9 têtes et un paquet de membres de notre Saint … Ça n’a pas empêché l’église espagnole de réussir son coup puisque le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle en Galice devient au XIème siècle un des pèlerinages marquants de la chrétienté et qu’à partir de 1492 il fait même partie des 3 plus grands avec Rome et Jérusalem.
Nous voilà donc sur les traces des pèlerins du moyen-âge, en route pour Fisterra où la tradition voulait qu’ils se lavent dans l’Atlantique, brûlent leurs vêtements usés par la longue marche et se fassent nourrir par les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques. La coquille n’est pas qu’un souvenir : elle est cousue sur le chapeau, le sac ou le manteau du pèlerin qui se distingue ainsi des autres voyageurs, elle lui permet de boire dans les fontaines ou demander l’aumône qui devient un devoir et plus une simple charité.
Par manque de temps, c’est en voiture que nous franchissons les 80 km qui séparent Santiago du Cabo Fisterra. Nous montons jusqu’au bout du bout, finis terra, le cap Finistère, admirons l’océan bleu outremer et redescendons au port pour un dernier repas de poulpe et autres spécialités.
 

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Direction Leon via Astorga pour récupérer ma voiture qui dormait dans son petit abri sous l’hôtel Spa Ciudad et à 18h, nous entrons dans Leon, guidées par le GPS qui nous mène dans une rue encombrée de piétons, de clients assis aux terrasses des cafés et restaurants, et où le seul véhicule est le mien … Je m’arrête devant l’hôtel Paris, dévisagée par tous ces gens, gêne… Muriel va aux nouvelles : où faut-il se garer ? Elle ne revient pas et je ne sais plus où regarder … Didile part à son tour, j’affronte seule les regards curieux, je n’y tiens plus je vais descendre aussi quand un véhicule de service arrive derrière moi, ouf, je suppose qu’au moins la rue n’est pas exclusivement piétonne, mais je dois dégager la voie ! Je m’engouffre à droite dans une ruelle, et rejoins mes coquillettes, en plein palabre avec le réceptionniste.
 

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 Finalement nous comprenons vaguement qu’il y a un garage sur le côté de l’hôtel (pas de bol, c’est ma ruelle mais à gauche) qu’il faut se garer au niveau zéro place un. Je récupère Titine, je fais le tour, remonte à nouveau la rue quasi piétonne noire de monde et je tourne à gauche cette fois, en cherchant l’entrée du parking. Elle s’avère ridiculement étroite, la porte s’ouvrant et se refermant en coulissant comme une porte d’ascenseur, ce qu'elle est en réalité, puisqu’il faut traverser un monte-charge pour accéder aux garages proprement dits. Sauf qu’arriver de biais vers un tout petit passage avec une voiture bien large dans une rue étroite bordée de bornes métalliques qui ne permettent pas de reculer, ce n’est pas une sinécure, surtout quand vingt personnes vous regardent en ricanant et en prenant les paris. Je garde mon sang-froid et au bout de 50 manœuvres et d’un rétro rentré à la main, je finis par me retrouver à peu près droite et me garer dans le saint des saints !
Après avoir stressé le réceptionniste avec cette histoire de voiture, je le terrorise, un drap de bain à la main, en lui expliquant qu’une chambre pour trois, c’est trois serviettes et pas deux (tout ça dans mon espagnol impeccable évidemment !). Il transpire à grosses gouttes mais nous aurons nos serviettes, plus tard, puisqu’ exceptionnellement nous partons boire un pot avant de prendre une douche. Nous sommes d’attaque pour faire quelques emplettes, visiter la place de la cathédrale, puis pour picoler, mais ça c’est plutôt banal ! Pas de bières (nous n’avons pas marché) mais le fameux Spritz goûté la veille, quelques olives, et il est temps de manger.
Nous cherchons un restaurant en terrasse (il fait chaud) et au calme (mais c’est mission impossible). Le samedi soir à Leon, tous les espagnols sont de sortie, et ce samedi là, en plus, les bizuths sont de la partie. Les étudiants défilent: des mariées avec leurs demoiselles d’honneur, Obélix, un champignon vénéneux, une machine à laver… Et tout ça dans un brouhaha de sons nasillards et gutturaux mélangés…
Nous rentrons épuisées dans notre chambre qui donne sur la rue dont le bruit est à peine atténué. La clim, mal réglée, souffle sur les lits, tout va bien …
 

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14 mai 2020

JOUR 15 - 14 septembre 2018 O Pedrouzo – Santiago de Compostela (24,5km)

JOUR 15
14 septembre 2018  O Pedrouzo – Santiago de Compostela   (24,5km)
Ce matin au petit-déjeuner, le moral n’y est pas : Mumu a trop tiré sur la corde, reprenant trop tôt la marche après son intoxication alimentaire, ses pieds sont douloureux, elle a beaucoup maigri, elle qui n’a déjà rien de superflu… Repartir dans ces conditions serait de l’inconscience et elle doit se faire une raison…
C’est avec ses crédencials que nous prenons la route, un peu écoeurées de ce coup du sort mais motivées par l’envie d’arriver pour elle, pour nous, pour décrocher les trois Compostelas qu’on a amplement méritées, surtout si on se compare aux touristes des voyages organisés « marchez-dans-le-bus-jusqu’à-Santiago-et décrochez-un-diplôme-de -crétin heu pèlerin ».
Je lui whatsappe des photos de notre parcours (c’est sûr que ce n’est pas la pygmée qui risque de le faire vu que son portable est une cabine téléphonique de 1918 … la boule te salue…)
 

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Cette dernière étape est moins déprimante que ce qu’on pourrait croire en étudiant le plan et ses indications de villes, aéroport et faubourgs. Une piste de calcaire tracée entre les eucalyptus, des traversées de villages aux églises médiévales entourées de leur cimetière (Aparté : les tombes des espagnols sont empilées telles des barres hlm mais en moins bruyants… du coup je m’interroge : peut-on parler d’enterrement puisqu’il n’y a pas mise en terre ?  D’entassement  plutôt ? L’entassement du défunt aura lieu le… Ok, compris, j’arrête…), des petits ponts de bois au dessus des rus, le décor est champêtre jusqu’à l’aéroport. Le nombre de paires de chaussures abandonnées sur les bornes, sur les fils électriques, dans les arbres après ce périple ne fait que croître, une bonne partie ressemble aux tatanes portomarines de Mumu, c’est explicable du coup, le marcheur n’est pas malpropre, il a juste le sens du ridicule …
 

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À 11h 30, nous ne sommes plus qu’à 6 km du panneau de Santiago, nous prenons un thé à San Marcos, décidées à manger plus loin, quand la faim nous prendra.
12h et nous atteignons le mont de Gozo, le « mont de la joie », vue imprenable sur la cathédrale au loin, ainsi nommé car au moyen-âge, les pèlerins français qui y découvraient enfin la vue sur la ville hurlaient « Montjoie, Montjoie, Saint-Denis » cri de guerre et devise du royaume de France.
 

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De là, c’est sur goudron que nous traçons vers le bureau des pèlerins, derrière la cathédrale, déterminées à ignorer nos estomacs pour doubler le plus de marcheurs possibles et diminuer le temps d’attente que je sais inévitable.
Nous trainons le temps de faire quelques photos à l’entrée de la ville, puis nous mettons le turbo et à 13h 20, alors que Mumu va prendre son taxi de retour, nous prenons place dans la queue des pèlerins en quête de reconnaissance.
Et ça se mérite une Compostela … le plus dur n’étant pas les 1500 premiers km mais bien les derniers avec son troupeau de marcheurs, ses échoppes de babioles coquillardes et les 2 heures de piétinement dans la chaleur et la foule avant de comparaître devant le juge de délivrance du précieux diplôme.
C’est comme à la sécu : les numéros de guichet s’allument pour indiquer quel est le bureau libéré pour recevoir le prochain demandeur. Avec ma petite Didile (tout ce qui est petit est mignon, bien sûr que je t’aime quand même ma Didilou, même si tu es une langue de vipère qui confond un joli corps pneumatique avec un gros thon tout rond) nous prenons les paris du prochain numéro, 13 rectangles qui s’affichent en rouge ou vert. Le 2 est très actif, le 7 aussi, suivi du 5, alors que les numéros du fond, 11, 12  sont plus lents à l’allumage.
Quelques pèlerins au bord du malaise abandonnent, nous progressons lentement jusqu’à devenir les premières de la file, et le 4 s’illumine ! Je fonce au guichet crédencials en main, la mienne et celle de Mumu, comptant sur mon don avéré en espingouin pour faire valider son aventure en même temps que la mienne.
Un homme jeune,  indifférent à ma fierté pédestre, saisit mes documents, jette un œil vague sur mes superbes tamponichages, me tend une feuille sur laquelle je dois remplir les cases « nom et prénom », « nationalité », âge », « ville d’origine », « raisons du pèlerinage » (trois choix : motif religieux, spirituel ou touristique) « année et lieu de départ du pèlerinage ».
Je remplis soigneusement ma ligne et je m’aperçois qu’au dessus de moi, peu nombreux sont les pèlerins partis du Puy, de Vezelay, Tours, Paris ou autre localité lointaine … Dix pour cent à peine, noyés dans les frais-partis de Sarria… Les « centipèlerins » font beaucoup de bruit et prennent beaucoup de place pour peu de mérite, c’est la rançon du succès des reliques de Jacques le Majeur, je vous ferais un petit résumé de sa vie, son œuvre, sa mort un peu plus tard…
Le bénévole consulte la feuille que je lui rends, tire une page enluminée imprimée d’un texte en latin, ajoute « Dnam Silviam Desmidt » et me voilà compostée, ou compostelée plutôt, mais pas encore réjouie. Les  crédencials de Muriel dans la main, je récite le texte que j’ai répété avec Didile un peu plus tôt.
Amiga enferma (malade) diarrea (ça c’est bon, je ne vous traduis pas) pies estropeado (pied foutu) elle, à l’hôtel, no posible caminar (marche impossible) … Je vous disais bien que j’étais quasi polyglotte français- mime-esperanto, du coup il me comprend parfaitement … Mais ça n’arrange rien du tout vu qu’il me répond dans la même langue : mouvement des doigts qui miment la marche, « ella, venga para Compostela »  agitation de l’index de gauche à doite, « imposible sin certificado medico ». 
Pas besoin de dico, j’appelle Mumu consternée, elle me rappelle qu’elle a une ordonnance de Pierre dans son sac, on pourrait peut-être ? … Espoir déçu, seule la consultation d’un medico espagnol est acceptée…
Je me dirige la mort dans l’âme vers la sortie, et j’aperçois au bout du grand comptoir ma Didile en train de passer devant l’inquisition au féminin.
On avait bien jugé, les numéros du fond étaient squattés par les vieux bénévoles qui mettent une plombe à traiter un dossier ! La mamie scrute avec attention chaque tampon, les compte, retourne les crédencials, les relit, et finalement les repose et tend la main à Didile en souriant ! Une franche poignée de main avec félicitations ! Ça c’est de la reconnaissance ! Elle tire une enluminure différente de la mienne (tiens donc ? pourquoi ça ?) et calligraphie avec soin  Dnam Odilam …
Comme je n’aime pas m’avouer vaincue et que cette dame me semble bien disposée envers la coquillette Didile et son parcours authentique, je me fends de mon plus beau sourire, j’adopte un ton implorant et je reprends mes explications médicales (enferma, diarrea, pies no posible caminar) et j’agite devant ses yeux ma propre Compostela, mes crédencials et celles de Muriel en ajoutant fébrilement « les mêmes, les mêmes !» « Tres peregrinas, tres Le Puy en Velay, tres amigas » « todos la même chose !! »  Odile !! Comment on dit « on a fait la même chose » en espagnol ?
La vieille dame semble hésiter puis elle opine du chef, allez, d’accord ! Je saute de joie en l’inondant de mercis, de regards de gratitude, de rires béats, et elle me calme en m’expliquant qu’elle doit d’abord finir de s’occuper du cas de Didile dont elle n’a pas eu le temps d’écrire le patronyme. Elle me tend la feuille aux cases à remplir et tremblante, j’inscris ma coquillette pilote, celle qui a tout instigué,  au panthéon de l’histoire du pèlerinage ! Je m’aperçois ce faisant qu’Odile, ligne du dessus, a coché « raison touristique » cette mécréante, alors que pour Mumu et moi j’ai noté « raison spirituelle », voilà pourquoi nos Compostela n’ont pas le même aspect, une pour les philosophes, une pour les touristes haha !
Enfin c’est fait, après 2 heures d’attente,  nous ressortons du bureau épanouies en se claquant la bise. Je suis toute émue et j’envoie à Muriel la photo de nos deux diplômes, mais pas du sien pour faire durer le suspens…Auquel nous devons mettre fin rapidement vu qu’elle nous fait part de sa décision de venir faire la queue malgré ses pieds récalcitrants : je lui whatsapp sa précieuse Compostela !
 

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Nous retrouvons Mumu à l’hôtel, et après lui avoir conté toutes excitées nos dernières aventures, nous ne pensons qu’à une chose : boire, manger … Propres et apprêtées, nous voilà en route pour le parvis de la cathédrale via la rue  piétonne que se disputent commerces et restaurants. Un passage dans celui qui nous servira la demi-pension pour vérifier quel est le menu du pèlerin promis, et c’est la révolte des coquillettes ! Du veau (terneras) du merlu (merluzza) on n’en peut plus !! On prévient qu’il faudra aménager la formule sinon ça va ch-souffler dans le ventilo, et on part se trouver une terrasse pour fêter notre nouvel état de pèlerines estampillées.
Nous traversons la praza do Obradoiro, passons devant la cathédrale malheureusement impossible à visiter au vu de la queue infernale qui serpente devant son parvis. Nous admirons sa façade monumentale et le porche de la gloire du XIIème siècle, joyau de l’architecture romane. En face, le séminaire qui est désormais le siège de l’hôtel de ville et du gouvernement local. Le collège Saint Jérôme et l’hôpital des rois catholiques ferment les côtés de la place sur laquelle passe le petit train des visiteurs et où les pèlerins et les badauds marchent,  stationnent, s’asseyent, s’allongent, la foule est dense à Santiago !
 

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On emmène Mumu rue Carretas, celle du bureau des pèlerins, pour lui montrer l’entrée et les grappes de marcheurs qui s’agglutinent sur le trottoir, attendant l’autorisation d’y pénétrer… Cette fois, il y a bien 3 ou 4 heures de queue à venir, qu’il est bon de regarder de loin ceux qui vont souffrir plus qu’on a souffert ! (C’est une notion biblique il me semble, à vérifier…)
Tout près de là, les touristes en terrasse savourent des maxis sangrias dans d’énormes verres ballons, ça nous fait trop envie et c’est en infidèles de la cerveza que nous commandons la même chose, délicieux breuvage dégusté tout en écrivant nos cartes postales. La faim à peine calmée par quelques olives, nous nous rapprochons de notre cantine du soir qui est désormais fermée, ouverture dans une heure seulement. Nous n’avons pas fini de fêter notre arrivée, aussi nous patientons dans un bar à tapas devant un vin blanc pour moi et deux « Apérol » pour Mumu et Odile qui découvrent  le Spritz -sorte de Campari avec sucre et vin blanc pétillant- qui les ravit. Les tapas sont copieuses mais l’appétit s’est ouvert et quand nous investissons le restaurant, nous réussissons à échanger notre triste menu pèlerin contre une pizza XXL avalée tout entière. Il est l’heure d’aller se coucher, repues, demain nous sacrifions à la tradition en allant à Fisterra, village de marins qui est la véritable fin du Camino frances, là où les pèlerins ramassaient leur coquille pour la ramener fièrement accrochée à leurs vêtements.
 

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14 mai 2020

JOUR 14 - 13 septembre 2018 Arzua – O Pedrouzo (24km)

JOUR 14
13 septembre 2018  Arzua – O Pedrouzo   (24km)
Départ à trois pour Arzua avec le sergent Garcia qui nous dépose à l’entrée du Camino dans la brume qui se lève. En tout cas, elle ne s’est pas encore levée dans la tête de la Blonde qui croit voir une langue de 80 cm sortant de la bouche d’une vache alors qu’il ne s’agit que d’une banale baguette de pain en cours d’engloutissement  par la bête à corne.
La balade est belle, toujours bordée d’eucalyptus, nous suivons les bornes du « camino complementario », voie alternative au chemin classique qui nous permet d’éviter les bords de route et nous emmène dans les bois par des sentiers empierrés qui longent ou traversent des sources et des ruisseaux au clapotis rafraichissant.
À San Breixo de Ferreiros, nous longeons  la Casa Tia Dolores dont les milliers de cannettes de bière Peregrina, bues et signées par les pèlerins,  ornent la façade, les arbres, les pots, les jardins !
Les bornes qui rappellent le nombre de km à faire jusqu’à Santiago se multiplient et, à notre avis, en plus des graffitis et souvenirs laissés par des marcheurs qui ont peur d’être oubliés ou pensent avoir quelque chose à dire d’essentiel, affichent des chiffres fantaisistes … genre 28,768km … mais on se rapproche…
 
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Les bords du chemin de Compostelle sont ponctués de croix, de stèles, de cairns, qui  rappellent qu’ici, un pèlerin a perdu la vie. Nationalité, sexe, âge, tous sont représentés, on est égaux devant la mort : là, un jeune homme de 17 ans,  une colombienne de 50 ans, ici la plaque de bronze de Guillermo Watt qui a perdu la vie le 25 août 1993 à l’âge de 69 ans, à une journée de marche de Santiago… C’est ballot …
 
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À Boavista, nous faisons une halte pour une ultime ensalada mixta et, continuant notre route, nous montons à l’alto de Santa Irene. Mumu a mal aux pieds, elle qui grimpe comme un chamois d’habitude peine à avancer.  Alors que nous approchons d’O Pedrouzo en marchant sur la route goudronnée, elle s’arrête, se déchausse  pour essayer de soulager ses pieds endoloris, et constate des gonfles, des points de pression qui ne sont pas habituels. Se rechausser pour reprendre la marche est un effort surhumain, quand nous atteignons enfin la pension Arca, elle est allée au bout de ses forces et se jette sur le canapé, jambes en l’air, sous le regard effaré de la réceptionniste. Au bout de quelques minutes, elle réussit à se traîner dans la chambre au premier étage, mais avec la douleur, la fatigue, la déshydratation, elle est prise de tremblements incontrôlables qui nous font envisager des scénarios catastrophe d’urgence et d’ambulance. Après consultation téléphonique de Pierre et légère amélioration, nous convenons d’essayer de la réhydrater le plus vite possible. Pendant qu’Odile fonce pour trouver une pharmacie ouverte, je lui fais subir le supplice de l’entonnoir en l’obligeant à boire, manger un peu, puis Odile revenue avec des sachets de poudre de récupération pour sportif et des comprimés de vitamines et minéraux, nous la noyons et enfin nous retrouvons notre Mumu !
 

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Rassurée (et nous aussi !) par sa récupération, elle nous accompagne, malgré ses pieds de hobbit, 500m plus bas au restaurant de la demi-pension. Constatant que son abstinence d’hier soir n’a pas amélioré son état, bien au contraire, nous fêtons ensemble à la bière (une seule, faut pas pousser !) cette arrivée mouvementée !
Le menu du pèlerin est toujours le même, terneras ou lomo ou merluzza, et en prime la table est mauvaise… Dure journée, il est temps d’aller récupérer …
 

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Bière – 25
Ampoule –  concurrencée par des excroissances diverses
Merlu – 9

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14 mai 2020

JOUR 13 - 12 septembre 2018 Palas de Rei – Castaneda Arzua (Dombodan) (23km)

JOUR 13
12 septembre 2018  Palas de Rei – Castaneda Arzua (Dombodan)   (23km)
 
La convalescente est courageuse, elle s’enveloppe le petit orteil, remet ses chaussures de marche (même pas les nouvelles qui en plus d’être laides ne lui soutiennent pas la voûte plantaire) et prend le départ pour Castaneda.
Le chemin est agréable, bordé d’eucalyptus odorants, passant dans les villages entre les horreos de toutes tailles -  rectangulaires, carrés, en brique, en bois, naturels, peints -  qui attirent le regard.
 

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Un fier caballero nous double au trot sur son coursier bien accommodant puisqu’en senestre, il tient un cheval dont le bout de la longe est attaché au haut de la queue de sa monture …
Casanova, Leboreiro, Furelos : nous arrivons à Mélide par un joli pont de pierre et déjeunons dans un petit café d’une ensalada mixta aux tomates « de jardin », ce qui change tout ! C’est le frère généreux du propriétaire au strabisme divergent qui nous régale, nous leur faisons force signes d’approbation en levant le pouce et reprenons notre route dans les eucalyptus.
 

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Bizarrement,  la foule des 100km a quelque peu faibli, certains sont morts sans doute, ou ont décidé de faire le trajet en bus. Eh oui, il y a des bus qui ramassent les pèlerins et les emmènent d’un troquet à l’autre… «A cada uno su camino» comme on disait plus haut, celui là ne nous fait pas envie ! Dans les senteurs d’eucalyptol,  nous atteignons Castaneda où le propriétaire de la casa rural du soir doit venir nous chercher.
 

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Il arrive, un peu sergent Garcia, au volant de son break moins confortable que le taxi de José Luis, mais Mumu réussit sa méditation et il nous emmène à bon port à une quinzaine de km de là, hors du chemin de Compostelle, dans un gîte rural fabuleux, au calme entre jardins et  champs cultivés.
Nous baragouinons mutuellement et comprenons malgré tout qu’il fait pousser du maïs pour produire un aliment qui nourrit les nombreuses vaches de la région, celles qui donnent le bon lait servant à fabriquer le fromage d’Arzua que nous aurons l’occasion de goûter ce soir.
La casa das Corredoiras à Dombodan est un paradis, une maison et ses granges restaurées avec goût, un confort parfait et un accueil chaleureux.
Madame sergent Garcia nous souhaite la bienvenue avec un verre de « licor de hierbas » faite maison, tourbillonne autour de nous pour savoir ce qu’on veut manger et à quelle heure, nous fait visiter notre appartement ( 2 chambres, un lit de princesse en bois sculpté surmonté d’une coquille Saint Jacques) et nous laisse nous installer, arpenter le jardin d’où elle tire tous les fruits et légumes qu’elle cuisine et visiter  l’horreo ouvert et aménagé où on peut s’entraîner à égrainer les épis de maïs avec une machine à manivelle.
Sur la terrasse, nous nous désaltérons d’eau gazeuse pour Mumu prudente et d’une seule bière pour Odile et moi (quelle tempérance !).
 

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Le menu du pèlerin est délicieux, une salade de légumes du jardin pour trois et Mumu et moi nous régalons de spaghettis aux palourdes et goûtons le fameux  et excellent fromage d’Arzua.
Une nuit de sommeil dans le calme de la campagne, c’est un luxe réparateur que nous apprécions et même si Mumu subit encore un peu la fin de ses désagréments digestifs, elle tient le bon bout !
 

14 mai 2020

JOUR 12 - 11 septembre 2018 Portomarin – Palas de Rei (25km)

JOUR 12
11 septembre 2018  Portomarin – Palas de Rei  (25km)
La journée commence fort … Mumu bien pâlotte avec sa turista au thon, porte ses Nike disgracieuses et Didile se brûle la main en remplissant le thermo d’eau chaude… Bad day.
À 8h30, on se met en route avec mes deux souffreteuses, toute idée de moquerie balayée par la toute petite mine de mes compagnes.
 

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Nous retraversons le rio Minho par un autre accès et partons dans la brume à l’assaut du Monte Torros. La montée s’interrompt quelque temps pour grimper de plus belle vers Castromajor. Malgré le troupeau de marcheurs qu’on n’a pu semer, la vue est toujours féérique depuis le sentier tracé dans la bruyère, regard plongeant sur les nuages posés au creux des sommets.
 

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 Le parcours est difficile quand on a les jambes flageolantes et qu’on s’arrête  tous les quarts d’heure dans les bois  pour tenter d’apaiser ses boyaux torturés… Au bout de 11 km, à Hospital de la Cruz on s’arrête pour faire le point devant un thé. Pendant que Mumu disparaît aux toilettes, nous nous inquiétons avec Odile de son état, ajoutant perfidement qu’en plus, on ne peut même pas se délecter des blagues sur ses chaussures ou se venger de l’étiquette injurieuse  qu’elle nous a (injustement) collée hier soir. Une jeune pèlerine étrangère mais parfaitement polyglotte, regarde les deux langues de vipère horrifiée. Nous la rassurons en lui expliquant que nous fonctionnons toujours comme ça, une franche camaraderie où la plus faible du moment se fait dévorer par les deux autres. Elle se rend compte, rassurée, que nous pratiquons le deuxième degré.
 

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Mumu revient et nous expliquons devant elle à la jeune fille que celle qui nous a traitée de pétasse (le mot qui l’a fait réagir en nous écoutant) est diminuée par une intoxication alimentaire, et que nous ne pouvons décemment pas la chambrer à propos de ses chaussures comme il était prévu.
La pèlerine baisse les yeux, observe les pieds de Mumu, bloque sur les Nike et nous dit dans un français impeccable: « Je suis contre la discrimination des handicapés, il faut continuer à se moquer d’eux, c’est ça l’intégration ! ».
Ainsi encouragées, nous aurions pu profiter de la situation mais le cœur n’est pas à la plaisanterie, ça va mal.
Alors que nous insistons pour appeler un taxi, elle préfère repartir jusqu’au  prochain village tout proche. Nous passons devant les chevaux, bien apaisés depuis Sarria. Leurs cavaliers les ont attaché avec plus ou moins d’adresse pour clopiner, les jambes en cerceau, jusqu’à la terrasse du café (mention boulet à celui qui a laissé trainer ses rênes et qui a eu de la chance que son cheval, fatigué et peu combatif, n’arrache pas tout en marchant dessus).
A 13 km , Mumu n’en peut plus et nous l’obligeons à s’arrêter à Ventas de Naron pour attendre un taxi sous la surveillance d’une barmaid attentionnée.
Nous repartons avec Didile jusqu’à Monterroso pour partager une ensalada et une tortilla à la Casa Mariluz en compagnie des poules et des chats.
 

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A 16h20, nous arrivons d’un bon pas à la Casa Curro, dans une grande pièce qui ressemble à une crèche communale.
Des jouets partout, poussette, parc, biberons et deux petits posés dans un coin sous une télévision vomissant des dessins animés … Heureusement, la chambre, au troisième étage avec ascenseur, est au calme, très propre, spacieuse et nous retrouvons notre malade reposée mais encore bien faiblarde.
Après avoir fait le point avec Pierre par téléphone de ce qui serait utile ou indispensable, nous partons nanties d’une ordonnance de médicaments français dans une pharmacie espagnole. Je crois qu’en citant les nationalités, j’ai bien posé le tableau …
Odile qui parle un castillan courant pour touriste randonneur n’a pas inclus dans ses cours le vocabulaire médical… Je peux m’en sortir avec les termes techniques et les médocs, mais je ne parle pas espagnol …
Nous voilà dans l’officine à mimer une diarrhée aigüe devant monsieur et madame Pharmacien attentifs, puis Odile ayant renoncé à palabrer et me tournant le dos, à prononcer en ajoutant des « o » et des « a » le nom des principes actifs pour trouver une équivalence  au Doliprane (paracétamolo ?)  à l’Immodium (lopéramida ?), au Débridat (trimebitino ?), au Smecta (pas trouvé, remplacé par omépraz-olé ?) et à la Pyostacine. Voilà, ma méthode est gratuite, servez-vous, ça peut vous sauver la vie, ou au moins le transit.
Aidée de Google et de bonne volonté, tout est converti, sauf l’antibiotique qui n’a pas droit de cité en Ibérie. Ils me proposent de l’oxytétracycline, c’est avec ça qu’ils soignent le choléra, qui peut le plus peut le moins, j’achète !
Ensuite direction le supermarché pour quelques emplettes, pains au lait, eaux minérales « con et sin gaz », madeleines et autres bricoles qui font envie. À la vue de la note, moins de 5 euros, nous avons cru qu’il y avait erreur, mais non, nous n’étions tout simplement plus en France, la vie n’est pas chère chez nos voisins !
Mumu se jette sur les petits pains, elle a faim, c’est une bonne nouvelle et notre résolution de boire de l’eau à l’apéritif par solidarité faiblit en même temps que son appétit progresse.
 

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Nous la laissons se reposer et partons en quête d’une terrasse au soleil, ce qui n’est pas le  plus difficile à trouver sur le Camino frances.
Une accorte serveuse à forte poitrine nous apporte une verrine dans laquelle elle a versé quelques cm de bière fraîche. Alors que je poste sur facebook la photo de ce gobelet pour enfant qui change de nos habituelles flûtes ambrées, la maman de Muriel fait joliment remarquer qu’en l’absence de sa fille, « même  les verres  ont perdu leur pied ». Nous exigeons une bière, normale cette fois, et rentrons à la pension pour le repas du soir.
 

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Le plan, c’est commander du riz nature  pour Mumu (très bon pour réparer les méfaits de la courante), manger en vitesse et remonter à la chambre pour nourrir la malade.
Surprise : on ne nous attend pas, les tables ont été rassemblées pour un banquet et on sent bien qu’on est là comme deux cheveux sur la soupe. Après quelques efforts de part et d’autre, un terneras et un merluzza du pèlerin, on finit par repartir avec un plat de riz jaune safran en fuyant les quarante anglais tonitruants pour qui la salle était réservée.
L’espoir est permis, si la nuit est bonne, nous pourrons repartir à trois. Heureusement, les clameurs britanniques n’ont pas monté jusqu’à notre 3ème étage.
Bière – 23
Ampoule –  en sourdine, remplacée par la débâcle
Merlu – 8

14 mai 2020

JOUR 11 - 10 septembre 2018 Sarria - Portomarin (25km)

JOUR 11
10 septembre 2018  Sarria - Portomarin (25km)
La Compostela, certificat de pèlerinage, est acquise à ceux qui peuvent justifier des 100 derniers km à pied ou 200km à vélo. En tant qu’aristocrates du Camino, de ceux/celles qui ont fait une des voies d’un bout à l’autre (plus de 1500km  pour nous par la Via Podiensis et le Camino frances), nous toisons avec dédain ces opportunistes qui débarquent en masse pour effectuer sans gloire un parcours de santé et qui transforment notre aventure en voyage organisé… C’est une moyenne de mille pèlerins par jour qui arrivent à Saint-Jacques dont 90% prennent le départ à Sarria. Ils ont des chaussures neuves, des petits sacs à dos tous propres, certains sont en tenue de ville, et  ils caquètent pendant tout le trajet, rendant ces derniers km plus pénibles que tout ce qu’on a rencontré jusque là. Cent km, on  a du mal à réaliser … Cinq étapes et ce sera la fin de cinq années de rigolade, d’efforts, de joie, de « j’en chie », de rencontres, de découvertes.
N’allons pas trop vite et partons de l’hôtel Roma dans la brume matinale en compagnie de tous ces néo-pèlerins en direction de la borne des 100 à a Brea, 15km après Sarria.
Nous sortons de la ville par le pont médiéval  d’a Aspera et traversons Barbadelo, Rente, Peruscalo, Belante.
En marchant rapidement, notre entraînement commando nous permet de doubler une bonne partie des « vacanciers » et nous retrouvons un peu de calme et un chemin agréable, sentier empierré et traversées de villages dont les « horreos », greniers à grains sur pilotis,  volent la vedette aux églises.
 

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Un groupe de cavaliers est de la partie, première étape visiblement vu la fraîcheur physique et l’excitation des montures. Au fil des jours, nous les croiserons régulièrement jusqu’à Santiago où les chevaux, rincés, feront moins les marioles.
À a Brea, nous sacrifions à la tradition de la photo devant la borne 100 et repartons au pas de course jusqu’à une terrasse accueillante, quelques km avant Portomarin.
 

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Pas d’ensalada mixta à cet endroit, nous accompagnons notre thé d’un morceau d’empanada au thon, et si nous ne le savons pas encore, ce repas va lourdement peser sur la suite de notre rando.
Nous arrivons à la destination du jour par un sentier de chèvres, littéralement ! Escalier étroit creusé  dans la roche le long d’un mur de pierrailles, parois inégales qui se rétrécissent, heureusement que nous avons semé le gros de la troupe, c’est tranquillement que nous descendons précautionneusement jusqu’à la route qui mène à Portomarin.
L’emplacement du village a été englouti à la construction du réservoir de Belesar en 1962, les nouvelles maisons sont érigées sur les hauteurs et les bâtiments historiques ont été démontés et reconstruits pierre par pierre !  L’église Saint Nicolas conserve, gravés sur ses murs, les chiffres qui ont permis de la remonter à l’identique.
Nous traversons le long pont qui traverse le rio Minho et entamons l’ascension de l’escalier de pierre ancien et sa petite chapelle Las Nieves, en forme d’arche qui surplombe les 54  marches, pour entrer dans la place.
 

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La pension Arenas est en face de l’église, sous les arcades des bâtiments neufs qui bordent la rue.
Muriel, qui n’en peut plus de souffrir de ses ampoules récidivantes, se précipite avec Odile dans le magasin de chaussures de sport pendant que je profite de la douche dont je rêvais depuis un moment après cette marche sous un franc soleil.
Quand elles reviennent, je vois à la tête d’Odile qu’il s’est passé un évènement réjouissant. Mumu, elle, fait une entrée fracassante en menaçant d’attenter à la vie de la première qui se moque… Et je comprends mieux la mine de rongeur  ricanant de la rabougrie (et pan, dans tes dents, c’est de la part de la boule…).
Les Nike aérées noires et grisouilles, semelle blanche et virgule jaune fluo (taille 41 pour l’aisance) ont l’air de sortir des étagères du Secours Catholique… Ou du placard de Pipo et Mario… S’ils lui font rire l’orteil, c’est le principal et c’est le but avoué, ils appellent cependant nos quolibets jusqu’à ce qu’elle nous traite de « pétasses », ce qui n’est pas bon signe. Sus à l’apéro en attendant l’ouverture de l’église pour tamponichage.
 

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Bière insipide, une, deux,  mais agrémentée de délicieux poulpe grillé, nous attaquons le menu du pèlerin qui comporte étonnamment du terneras et du merluzza. Sur ce nous partons nous coucher en riant sous les draps à l’évocation de la bonne journée que nous allons passer demain à chaque pas de ces discrètes chaussures.
 

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Ce projet plaisant va être vite déjoué par le retour de la vengeance de l’empanada au thon du déjeuner.
Mumu a mangé la part restante d’une des tourtes déjà coupée, Odile et moi ayant inauguré un nouveau plat entamé pour l’occasion. Nous pensons que là se situe la « fatal error », puisqu’elle seule se retrouve pliée en deux au milieu de la nuit, à courir dans la salle de bain pour se vider entre deux élancements douloureux.
Bière – 21
Ampoule –  insupportable
Merlu – 7
 
 

14 mai 2020

JOUR 10 - 9 septembre 2018 Triacastela - Sarria (20km)

JOUR 10
9 septembre 2018  Triacastela - Sarria (20km)
Sur notre livret Michelin l’étape est donnée à 21,5km, passant par San Cristobo de Real, Renche, Samos, etc… jusqu’à Sarria.
La question du soir précédent est toujours en suspens : Mumu prendra-t-elle le départ avec nous ou nous attendra-t-elle à l’hôtel pour reposer son quintus exterius ?
Finalement, courageuse, elle monte avec Didile et moi dans la voiture de José Luis et une méditation réussie plus tard, alors qu’avec Odile nous croisons du regard les pèlerins qui marchent le long de la route, il nous dépose à la sortie de Triacastela, devant la borne qui indique la direction du chemin.
Nous suivons les flèches jaunes, préparées psychologiquement à marcher le long de la nationale en ignorant le bruit des moteurs, mais pour l’instant nous cheminons parmi les arbres, une fontaine ornée d’une coquille géante se reflète dans une piscine sombre et fraîche creusée dans le rocher, les fougères s’accrochent aux pierres qui bordent le sentier  ombragé par les troncs tortueux, c’est le bonheur.
Ce parcours bucolique me donne des ailes et de l’inspiration, confiante en ma voix de diva, je tente de convertir mes coquillettes à l’opéra en leur interprétant des airs magnifiques extraits de Don Giovanni, Carmen, Le barbier de Séville, La Judith Triomphante, Thaïs… Mais elles ne sont pas touchées par la grâce et sous peine d’étranglement, je me rabats sur Claude François qui semble mieux leur convenir, surtout quand, fatiguée par tant de lyrisme généreux, je chante « sur toi, je relève le doigt » au lieu du drap, ah ça, les lapsus, ça leur plaît…
 

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Arrivées à San Xil, un petit morceau de route communale nous permet de croiser la Mercedes du mari accompagnateur de deux marcheuses normandes qui comme nous terminent  cette année leur pèlerinage commencé en 2013 au Puy en Velay. Ce monsieur charmant mais pas sportif visite les villages en voiture, retrouve son épouse et sa comparse lors de leurs arrêts et les attend à l’hôtel pour commenter la journée. « À chacun son chemin » comme on dit ici…
San Xil… Mumu s’interroge, ce nom était-il mentionné sur le guide vert ? Est-ce que ça nous dit quelque chose ? Didile et moi, peu curieuses, continuons à avancer détendues sur la piste boisée qui repart vers Montan et Pintin. Et le nom de ces deux villages, l’avons-nous repéré sur la carte ? Comme ça ne lui dit rien, nous faisons une pause pour consulter le livret et là, nous comprenons pourquoi Samuel nous a donné l’étape pour 18 et pas 21,5km, et pourquoi nous nous réjouissons de marcher dans la nature sans inspirer les gaz d’échappement… Nous sommes sur une voie alternative, le dénivelé est prononcé et explique la différence de km : nous relions Triacastela à Sarria en coupant au travers des  monticules, si Muriel était restée à l’hôtel à nous attendre, elle aurait pu se dessécher sur place avant qu’on ne percute que nous ne repasserons pas par Samos mais que nous avons à la place gagné un parcours sportif qui nous en met plein la vue.
 

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À Pintin, nous partageons une ensalada mixta à coté des normandes que le mari a fini par localiser, grapillons les mûres qui nous font de l’œil en guise de dessert  et atteignons Sarria.
 

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La traversée de la ville est longue mais pittoresque, on longe l’église Santa Marina, sa croix latine, son clocher à aiguille et la fresque de pèlerins en peintures allusives de son mur de clôture.
J’embarque les coquillettes  qui renâclent et on grimpe très fort dans les rues animées en suivant la trace de la coquille jusqu’au somptueux couvent de la Madeleine, en face du cimetière.
 

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Là, nous surplombons Sarria et profitons du point de vue, mais avons perdu la trace de l’hôtel Roma, notre destination… Mumu géolocalise, me fait remarquer qu’on a fait un joli détour et nous redescendons vers la gare, en face de l’hôtel dont la façade jaune fraîchement repeinte arbore modestement 1 étoile.
L’intérieur en vaut bien 3… marbre, ascenseur, chambre-appartement, nos grands lits propres et douillets nous font de l’œil mais la bière réparatrice c’est sacré, et sous les tonnelles de la terrasse, nous doublons la dose.
Ensuite, cap sur le restaurant de l’hôtel pour un excellent repas arrosé d’un délicieux vin blanc du Bierzo, omelettes, grillades, glaces artisanales et en cadeau, une liqueur aux herbes (licor de hierbas)  savoureuse. C’est de fort bonne humeur que nous partons un peu pompettes au pays des songes … Jusqu’à 6h30, heure où le premier train entre en gare de Sarria en actionnant sa sirène et en déversant un flot de valises à roulettes escortées des pèlerins en quête d’une Compostela facile : celle des 100 derniers km.
 
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14 mai 2020

JOUR 9 - 8 septembre 2018 O Cebreiro – Triacastela- Samos (23km)

JOUR 9
8 septembre 2018  O Cebreiro – Triacastela- Samos (23km)
 
C’est encore une belle étape, sportive, qu’il serait possible de décrire par « descente, montée, descente, montée, montée, descente, descente »… mais comme ce serait un peu succinct, je développe !
Le panorama est grandiose, la température vivifiante, la vue de la mer de nuages posée sur les vallées nous fait savourer le rayon de soleil qui nous accompagne. La descente de 1330 à 665m se fait lentement, d’abord en montagnes russes, légère pente jusqu’à l’Alto de San Roque à 1270m, où nous prenons un thé en contemplant la statue de bronze du pèlerin inconnu, plus vrai que nature, luttant contre le vent qui ne manque pas sur ces hauteurs.
Le sentier remonte vers l’Alto do Poio à 1337m et de là, la descente est continue jusqu’à Triacastela.
 

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C’est une succession de villages restés authentiques, on y croise les vaches et leurs gardiens canins, on admire leurs églises de pierre aux clochers carrés.
Un arrêt sur une terrasse d’Albergue à Filloval pour déjeuner et nous échangeons avec le pèlerin de Pereje et ses genoux fatigués : plus que 6 jours à son chemin de croix, son Camino d’une traite nous laisse admiratives.
Muriel compatit à ses douleurs, elle qui se coltine depuis le début des ampoules récalcitrantes sur un petit orteil rebelle, malgré les pansements et les applications de crème anesthésiante, sa marche est loin d’être une partie de plaisir.

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Quand nous atteignons Triacastela, notre programme est un peu différent des autres jours. Samuel, notre organisateur d’hébergement, nous a prévenus qu’il était impossible d’y loger, tout étant complet depuis longtemps (ou interdit à son organisme ?).
 

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C’est José Luis, chauffeur de taxi, qui doit venir à notre appel nous déposer 12km plus bas sur le Camino, à Samos et nous reconduire le lendemain au même endroit.
Un chauffeur, une route en lacets, une Mumu qui souffre de cinétose, le mélange pourrait être détonnant mais non ! Depuis l’année dernière, Mumu a commencé à méditer avec « Petit Bambou » (notre ennemi à Didile et moi qui sommes réfractaires à sa voix crispante), et cette année, elle a gagné en concentration (et pris des écouteurs, ô joie !). Les yeux fermés, elle fait le vide et arrive sans encombre devant l’hôtel A Veiga… Au grand soulagement de José Luis qui devait craindre pour les sièges de son taxi puisqu’Odile la reptile avait cru bon de lui expliquer que son « amiga » était malade en voiture et qu’il devait conduire souplement en ignorant les gémissements voire cris éventuels… Le gars n’était pas rassuré évidemment…
Installées dans la chambre spacieuse de l’hôtel confortable, nous apprenons que le repas n’est servi qu’à 20h30… C’est le milieu de la nuit pour un marcheur, mais nous résistons à l’envie d’aller se coucher sans manger en descendant dans le village, près de l’imposant Monastère bénédictin San Xulian de Samos, sur une terrasse accueillante pour nous goinfrer de tapas et boire une (ou deux) bonne (s) bière(s) 1906.
 

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L’apéritif, c’est fait pour ouvrir l’appétit, le repas copieux qui suit est apprécié à sa juste valeur, un menu pèlerin, quelle surprise, lomo (porc) pour Didile, merluzza pour les autres, pas trop de changement d’un coup, ça pourrait être dangereux …
Muriel évoque l’idée de reposer son orteil souffrant en restant à l’hôtel de Samos le matin, pendant que Didile et moi, remontées à Triacastela ferions le morceau d’étape règlementaire et la prendrions au passage.
C’est sur cette interrogation que nous nous endormons, bercées par la pluie nocturne.
 

14 mai 2020

JOUR 8 - 7 septembre 2018 Ambasmestas – O Cebreiro (15km)

JOUR 8
7 septembre 2018  Ambasmestas – O Cebreiro (15km)
Aujourd’hui, c’est le grand jour ! On nous rebat les oreilles depuis le début du Camino Frances de cette fameuse montée du O Cebreiro, plus exigeante que celle de Saint-Jean-Pied de Port paraît-il, la preuve, tous les guides préconisent d’en faire une étape courte, notre Samuel aussi ! Bien, bien, ce sera donc 15km (un suppo et au lit).
Un peu de ville pour commencer, il faut traverser Vega de Valcarce (630m d’altitude), puis Ruitelan, Las Herreirias où nous écrivons nos souhaits sur une feuille roulée que nous accrochons dans l’arbre à vœux.
 

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Le paysage change, l’herbe verdit,  la  petite route de campagne commence à grimper pour de bon. Nous atteignons à 900m La Faba pour savourer un jus d’orange fraîchement pressé. Nous y repérons un guide local, chargé d’accompagner une pèlerine venant d’Asie. Il porte un sac à dos qui renferme visiblement ses affaires et celles de la jeune fille, n’a pas de vêtements ou de chaussures spécialement adaptés, s’arrête de temps en temps pour fumer sa clope et  monte au pas de charge en doublant tout le monde. Pendant ce temps, la demoiselle hagarde essaie de le suivre sans s’étouffer. Quand il a fini de tirer sur son mégot, il la voit arriver de loin, rouge et haletante, et repart en cavalant. Je ne sais pas s’il tentait de la semer ou de l’achever, nous le perdrons définitivement de vue avant l’arrivée, espérant que la demoiselle ait survécu à son Koh Lanta.
 

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À partir de la Faba, le sentier de montagne empierré s’élève en pente raide, il faut marcher, respirer, marcher, respirer sans se poser de questions. Trois kilomètres d’escalade nous mènent en ordre dispersé jusqu’à La Laguna ou se repose la statue de bronze de la randonneuse assise.
Persuadées de n’avoir abordé que le début des difficultés, nous prenons place sur une terrasse pour déjeuner d’une ensalada mixta pendant que le guide sadique boit sa bière et fume en attendant sa cliente exsangue pour repartir de plus belle dès qu’il l’aperçoit.
Pendant le repas, c’est l’heure de la sortie des vaches qui font la richesse et la réputation de la région. La Rubia galega et la Cachena aux longues cornes  fournissent un lait triple crème avec lequel on fabrique les fromages de Cebreiro (une sorte de brousse) et d’Arzua qui sont des délices. Elles passent nonchalamment, lestées de leurs cloches tintantes, à l’exception des dernières de la file, beaucoup plus pressées, nous comprenons vite pourquoi en assistant à l’intervention du chien de berger dressé à pincer la retardataire au jarret.
Aparté : les chiens gardiens des troupeaux dans les monts du Leon en Castille y Leon et en Galice sont des bergers allemands. Des vrais, superbes, pas transformés par des lubies d’éleveur, au dos droit et à la croupe fière. Plusieurs fois nous avons croisé un vieux chien et son élève, chiot en formation. Ils font leur boulot avec application, les vaches, leur maître, le reste du monde n’existant pas à leurs yeux, Mumu la cynophile l’a appris à ses dépens, collectionnant les « vents » canins.
 

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Après ce spectacle improvisé, nous reprenons la grimpette dans la lande et les bruyères en se demandant ce qui nous attend… En fait un sentier large et agréable, des vues à couper le souffle sur les montagnes et les vallées couronnées de nuages, l’apparition de la borne qui délimite l’arrivée en Galice et celle qui inaugure la série de repères pour le pèlerin, frappée de la coquille du Camino  indiquant périodiquement le nombre de km restant jusqu’à Santiago. Et nous arrivons à O Cebreiro … Quoi ? Déjà ? C’était ça la montée du siècle ? Franchement, je ne vois pas comment on peut comparer cette promenade de santé à l’étape de Saint-Jean Pied de Port à Roncevaux !
Qu’importe, nous avons quartier libre cet après-midi pour nous installer dans les deux chambres de la Casa Carolo, profiter de la vue magnifique, visiter le village très (trop ?) touristique, tamponicher à tout va et écrire des cartes postales.
 

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Une bière trop lègère (la Mahout, liquide insipide) en appelle une autre accompagnée d’une assiette de poulpe, puis un menu du pèlerin qui propose étonnamment du terneras et du merluzza.
Nous acceptons le vin (compris dans le menu) mais Didile (la nabote) n’est pas tentée, Mumu échange donc son verre d’eau contre le verre de vin d’Odile qui fait remarquer que « ça, c’est une vraie amie », à quoi je rétorque « non ! Ça, c’est une vraie alcoolique », ce qui  suffit à mettre en joie notre lilliputienne pour la soirée…
 

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De retour dans nos appartements (deux chambres contigües) nous sommes plutôt gaies et quand je pars demander l’heure de départ des bagages, pleine de bon sentiments et d’un pas décidé pour éviter à Odile de redescendre au restaurant,  qu’en route je me souviens que je ne parle pas espagnol, et que je fais demi-tour, déconfite, l’anecdote, pourtant anodine, suffit à nous faire rire comme des gamines.
Couchées inquiètes dans le brouhaha du bar proche, à 22h30 le silence se fait brutalement et nous sombrons dans le pays des rêves…
Bière – 15
Ampoule – carrément désagréable
Merlu – 5

14 mai 2020

JOUR 7 - 6 septembre 2018 Cacabelos - Ambasmestas (25km)

JOUR 7
6 septembre 2018 Cacabelos - Ambasmestas (25km)
Nous prenons un petit déjeuner savoureux dans la grande salle du Moncloa sous les poutres géantes de la vieille charpente et le regard amusé d’un faune naturiste en bois sculpté.
 

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Nous traversons Cacabelos, ses fresques peintes sur les façades et les pignons, doublons l’église au clocher décoré de son habituel nid de cigogne, longeons la route et bifurquons gaiement vers Valtuille de Abajo, un petit détour qui nous permet de cheminer  quelques km entre les vignes de vin du Bierzo, derrière les montagnes ocres des mines d’or de Las Medulas que nous avons vues en poster au restaurant de Molinaseca mais qu’à notre grand dam le chemin ne traverse pas.
 

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Au lieu des paysages de western rougeâtres, nous poursuivons notre route le long de la nationale bordée d’un ruisseau qui attire des nuées de moucherons harcelants … Nous passons et repassons sous les arches des viaducs de l’autoroute del Noroeste, pour se donner du courage, on chante à tue-tête « gauche-gauche ! Nous sommes les carabiniers…Dans la troupe y’a pas de jambe de bois… » Ce qui nous mène vaillamment jusqu’à Pereje où nous déjeunons sous une tonnelle d’une ensalada mixta en compagnie d’un pèlerin, jeune quadra aux genoux criant grâce : parti depuis 59 jours du Puy en Velay, il lui reste 8 jours à souffrir et pas des moindres puisque les monts du Leone se profilent à l’horizon proche. Nous lui souhaitons bon courage et saluons le couple d’asiatiques qui s’installe près de nous. Elle est très représentative : assez distante, couverte des pieds à la tête pour éviter les UV. Lui est chaleureux, grand, beau comme un acteur de cinéma ! Les coquillettes se regardent et opinent silencieusement en guise d’approbation admirative.
 

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Il faut repartir pour finir ce circuit routier qui nous mène à Ambasmestas, dans l’hôtel éponyme situé sous une bretelle de l’autoroute en surplomb, mais bizarrement pas aussi bruyant que redouté.
Nous avons remarqué qu’il nous restait suffisamment de place sur la crédencial pour jumeler les tampons des églises et des hébergements, nous inventons donc une nouvelle activité : le tamponichage. Je tamponiche, tu tamponiches, nous tamponicherons à qui mieux mieux.
Une bière 1906, puis une plus légère pour se donner bonne conscience et place au bon repas, terneras pour Didile et loubine (bar) pour les autres, au lit sous l’autoroute, demain c’est la montée mythique du O Cebreiro.
 

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14 mai 2020

JOUR 6 - 5 septembre 2018 Molinaseca – Cacabelos (25km)

JOUR 6
5 septembre 2018 Molinaseca – Cacabelos (25km)
Pendant le petit-déjeuner, les averses se succèdent, nous enfilons prudemment nos imperméables pour remonter les rues étroites de Molinaseca. Toujours contrariante, la nature décide que non, finalement il a assez plu, et nous remballons nos saunas portatifs en remerciant « papy Louis » et « papa Marcel » qui veillent depuis toujours sur la partie « météo » de notre périple.
 

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C’est une étape urbaine qui nous attend, sur les 24km de son tracé, nous allons marcher 19,5km en agglomération ou sur voie goudronnée … On a connu mieux … La traversée de Ponferrada et de ses faubourgs est interminable.
Les cigognes ont du mérite, elles ont construit des nids dans cet environnement, pas bégueules, se contentant des poteaux  mis à leur disposition ou des pylônes électriques. Nous faisons halte à Columbrianos pour boire un thé dans une pièce ouverte sur la rue couverte de dessins et de graffitis laissés par des pèlerins du monde entier (Colombie, Tchécoslovaquie, Australie …), puis à Camponaraya, au bout de 17km d’asphalte, nous bloquons devant un restaurant qui expose en photo des plats de pâtes fraîches bien appétissantes ! Spaghettis bolognaise et tagliatelles vertes au fromage, tout ce qu’il faut pour nous  requinquer.
 

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Nous reprenons notre route et, enfin, un peu de répit, c’est entre les vignes du Bierzo que nous faisons notre entrée dans Cacabelos. En galicien, Cacabelos signifie « fou » et pas ce que vous avez voulu  traduire j’imagine, mais reconnaissons que la sonorité n’est pas des plus heureuses à nos oreilles de français dissipés.
 

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Notre destination, l’hôtel Moncloa de San Lazaro (moyen mnémotechnique utilisé, efficace à défaut d’être élégant : « mon cloaque », je sais, Cacabelos, Moncloaque, ça craint … On n’a jamais fait dans la dentelle, on ne va pas commencer maintenant) est un ancien hôpital pour pèlerins datant du XIIIème siècle. On passe le porche discret et on se retrouve dans une cour charmante bordée de constructions anciennes de pierre et d’ardoise, environnés d’arbustes et de plantes en pots qui grimpent à l’assaut des balcons et  des loggias en bois.
Le sol est pavé d’opus incertum, des tresses d’ail et de maïs pendent des balustres, l’ambiance est hors du temps. Nous entrons dans une boutique qui fait office de réception et dont la porte jouxte le tronc d’un arbre emmitouflé d’un patchwork de laines crochetées aux couleurs psychédéliques. Du vin, des confitures, des conserves locales, cuisine et artisanat sont mis à l’honneur avec un goût très sûr. Après avoir procédé aux formalités d’usage, notre hôtesse  sacrifie à la tradition du Moncloa de San Lazaro : en même temps que notre clé, elle nous remet un petit plateau contenant 3 parts d’empanadas à la viande et aux pommes de terre et 3 verres de vin, tout ça en début d’après midi, hips, ça commence bien !
 

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La chambre est dans le style du lieu, cosy et chaleureuse, et en déballant les affaires, Mumu trépigne de joie puisqu’enfin après 4 jours passés en Espagne, SFR a daigné lui accorder la faveur d’avoir enfin du réseau. Étant donné que j’y suis un peu pour quelque chose puisque je l’ai harcelée pour qu’elle vérifie son forfait (bien que l’opérateur lui ait confirmé deux fois qu’elle n’aurait aucune démarche à faire), elle a promis de me » rouler un patin » de joie si elle récupérait l’usage de son smartphone… Mimer  un baiser de cinéma suffira, on la joue Vivien Leigh et Clark Gable avec une main posée discrètement entre les deux visages. Odile immortalise et là, quel choc ! En fait un paparazzi peut faire dire n’importe quoi à une photo bien prise ! L’idylle est plus vraie que nature, Didile hésite encore à nous faire chanter, en tout cas elle a gardé les preuves compromettantes !
 

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Nous prenons une bière dans le cadre rustique d’une immense grange  ouverte sur les jardins et nous découvrons la 1906 d’Estrella Galicia, une cerveza qui a enfin du goût. Alors que, désireuses de nous intégrer, nous demandons au barman comment on dit « Santé » ou « à la tienne » en espagnol, il nous répond… « tchintchin » !! Bon, bon, jusque là on connaissait, mais il semble qu’on dise aussi « Salud » , c’est quand même plus couleur locale !
Le restaurant, réputé pour sa cuisine régionale, sert des plats délicieux : une assiette végétarienne pour Mumu, des spécialités du Bierzo pour Didile et moi, cocido maragato et botillos. La gnomette (ah je suis une boule … crains mon courroux, microbe !!) se prend juste les pieds dans le tapis en croyant se commander une glace au café, elle hérite d’une tasse d’ expresso mais comme elle n’assume pas son erreur, contrairement à d’autres, elle l’échange lâchement contre un dessert.
 

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C’est l’heure de dormir…

14 mai 2020

JOUR 5 - 4 septembre 2018 Rabanal del Camino - Molinaseca (26km)

JOUR 5
4 septembre 2018 Rabanal del Camino - Molinaseca (26km)
C’est un autre défi que celui du jour qui nous fera passer de 1150m à 1515m sur une distance de 11km, mais la montée ne nous fait pas peur … Ensuite, plus difficile, redescendre pendant 15km jusqu’à 590m. Quasiment mille mètres de dénivelé négatif. Le bonheur d’Odile et la misère de mes genoux s’ils n’y mettent pas du leur.
« Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur » disait Jean-Paul Sartre (en me copiant) d’où le passage devant les portes-cierges, on n’est jamais trop prudent !
En route pour Foncebadon puis le calvaire de Cruz de Ferro dont la base est constituée de terre et de cailloux apportés depuis des siècles par les pèlerins, ils se défont ainsi du poids de leur superficialité et font route comme des hommes neufs vers le tombeau de Saint Jacques.
 

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En chemin, nous faisons quelques pauses-images, et je fais aimablement remarquer à Didile que nous sommes bien braves, Mumu et moi, de toujours mettre la naine au milieu (afin de la mettre en valeur évidemment).
Et là, cette ingrate, cette perfide petite personne, me rétorque du tac au tac «oui, heu, je ne suis peut-être pas très grande, mais moi on ne peut pas m’appeler «la boule», gna gni gnagna agueu, agueu …» (pour ces dernières paroles, j’ai un doute, mais c’est cohérent avec le personnage.)
Traîtresse ! Putois perfide ! Comme je l’évoquais plus haut, je suis devenue récemment la (magnifique et jeune) aïeule d’un (encore plus jeune et magnifique – éveillé- exceptionnel) petit Gaspard. Par attention et sollicitude envers ma fillotte bien-aimée, j’ai en effet été victime d’une couvade, autrement dit d’une grossesse d’accompagnement psychologique qui consiste à prendre quelques kilos dans un but purement compassionnel et thérapeutique.
LA BOULE !!! Vous voyez à quel point Odile Passe-Partout (si, si, c’est son vrai nom de famille) est infâme.
Elle ira peu de temps après traiter Mumu, son amie chère, de « QUILLE ».
Imaginez l’association : la naine, la boule et la quille …
Par la suite, elle tentera même l’injure puisque me voyant descendre en pas de patineur pour économiser mes genoux, elle commentera sournoisement : « tiens, la marche de l’empereur »…
Être comparée à un manchot est en soi déjà désagréable, mais sans doute avinée (elle doit boire en douce, c’est le genre), elle a en réalité articulé « tiens, la marche de l’ampleur », ce qui vous reconnaîtrez est un lapsus excessivement maladroit quand la personne visée est la narratrice… mais je suis magnanime et ne lui en tiendrais pas rigueur … (Rrrrgnnnn, « la boule » pffffff- borborygmes- « la boule » grumpfff, « l’ampleur », je t’en ficherais, moi!).
Au sommet de la Cruz de Ferro, nous posons pour la postérité, Mumu dépose un coquillage ramassé sur la côte d’Argent.  Quelques km plus loin, nous faisons halte au donativo de Manjarin pour boire un thé et pour qu’elle tente d’emballer façon Christo son pauvre petit orteil toujours défaillant.
 

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Nous repartons vers le point culminant de l’étape, le col de las Antenas,  commençons la loooongue descente, à peine interrompue par une collation (la fameuse ensalada mixta) à El Acebo et plongeons dans les odeurs d’ambre vers Molinaseca. Les paysages sont somptueux, la végétation est un mélange de bruyères mauves et violettes, de genêts et de cistes ladanifères, un paradis pour parfumeur. Une lourde odeur de santal et d’encens nous accompagne jusqu’à l’arrivée, bienvenue après ces coulées de pierres, non sans avoir croisé la route d’un magnifique lézard ocellé, le « timon lepidus », plus gros lézard d’Europe, qui nous a fait la grâce de se laisser photographier !
Après ces agréables observations de faune et de flore locales, nous traversons le pont du rio Meruelo pour entrer dans Molinaseca et à l’hôtel El Refugio, tout au bord du rio où nous récupérons nos bagages pour les hisser dans la chambre sous les toits, le détail a son importance.
 

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Apéro-bière, fait chaud, on a marché, grimpé, descendu, on en boit une et sa petite sœur…
Il est temps de manger et nous prenons place dans la salle de restaurant où prise d’une crise de mégalomanie polyglotte, j’intime l’ordre à mes comparses de leur laisser voir l’étendue de mes progrès en langue castillane (je précise parce qu’en fait l’espagnol, ça n’existe pas ! Ces gens là parlent basque, catalan, léonais, galicien, j’en passe et donc quand ils ne font pas de crise identitaire, ils s’expriment en castillan)
Je commande du terneras pour Didile et du merluzza pour Mumu et moi, ça c’est bon, et le gentil serveur me demande si on veut du « vinho » …Point du tout, nous sommes raisonnables et je lui explique dans cet espagnol parfait qui me caractérise désormais que «NO, NO, suficiente déjà bu DOS CERVEZAS, nicht nicht  kein de plus, ce serait pécher ! »
Parallèlement, Mumu lui commande de « l’agua CON gas », eau gazeuse donc, pendant que Didile nous observe toutes deux de son air étonné, renfrogné et chafoin (mais si, je lui ai pardonné, je ne fais qu’exposer les faits !). Le serveur (qui n’a visiblement aucun don pour les langues) est revenu derechef avec deux bières (et de l’eau plate) sous le regard ébahi de mes copines à qui j’ai coupé la chique d’un impérieux « pas un mot, j’assume ! » qui fera leurs choux gras, je passe le quart d’heure de fou-rire, ma honte a effacé celle de Mumu et de son agua sin (sans) gaz. Elles m’ont un peu aidée mais puisque « j’ai assumé », j’ai dû m’enquiller une troisième bière. La remontée sous les toits fut difficile.

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Nous nous écroulons rapidement, comptant sur un sommeil réparateur, vélux ouvert pour chercher un peu de fraîcheur (puisque la personne de petite taille est allergique à la clim) et nous avons pris la saucée, pluie d’abord, orage puis grêle, ce fut donc une nuit hachée et agitée entre fermeture précipitée des fenêtres, séchage de la salle de bain et bruit des grêlons sur les vitres…
Bière – 7
Ampoule - persistante
Merlu – 4

14 mai 2020

JOUR 4 - 3 septembre 2018 Astorga – Rabanal del Camino (20km)

JOUR 4
3 septembre 2018 Astorga – Rabanal del Camino (20km)
Cool, les coquillettes ! On ne va pas s’affoler pour 20 malheureux kilomètres ! La reprise est facile: une montée en pente douce de 868m à 1150m. On part relax à 9h20 pour une première partie d’étape jusqu’à El Ganso où nous prendrons notre déjeuner qui deviendra rituel, une salade mixte « ensalada mixta » accompagnée d’un thé ou d’une eau gazeuse selon l’humeur.
En chemin, nous admirons les volumineux nids de cigognes qui ornent les clochers de Murias de Rechivaldo et Santa Catalina de Somoza.

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Après la pause, nous nous livrons à notre jeu favori qui s’appelle si je me souviens bien : «Je te fais deviner en le mimant un animal dont le nom commence par une lettre donnée et j’ai l’air d’une andouille surtout si on croise des gens». Je vous laisse deviner en images qui faisait le scarabée, la sittelle torchepot ou le manchot.
Le temps passe vite et l’étape est courte, après avoir croisé une madame Rapace de bonne composition, nous arrivons  à El Refugio de Rabanal où nous investissons notre chambre en pleine forme, et pendant que Didile part en repérage-séance photo, Mumu et moi faisons des abdos …
Petit aparté : Mumu grande amie des animaux, leur saute dessus avec bonheur. Chiens, oiseaux, chats… et puces … Nous l’avons donc priée de limiter ses ardeurs amicales à un petit geste de loin, on n’est jamais trop prudent !
Une visite de l’église du XIIème siècle, une balade dans le village dont l’albergue municipale est une vieille bâtisse au patio plein de charme, quelques photos en passant la tête dans une silhouette de pèlerin et nous voilà en quête de liquide.
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Une mini bière récupératrice à la Posada de Gaspard, puis 2 pour faire la dose, nous regardons du coin de l’œil un groupe de 3 pèlerin-e-s dont un sud africain engloutir des pintes d’un demi-litre, nous sommes petites joueuses à côté de ceux-là ! 
 

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Le repas, délicieux, se compose de terneras pour Odile et de …merluzza pour les deux autres…
La nuit est rythmée par l’orage et le bruit de la pluie, nous espérons que les impers resteront dans les sacs, à suivre !

14 mai 2020

JOUR 3 (-1 avant marche) 2 septembre 2018 Hendaye – Astorga (452km)

JOUR 3 (-1 avant marche)
2 septembre 2018 Hendaye – Astorga (452km)
Nous partons d’Hendaye tranquillement, à 9h45, traversons le pays basque par l’Autopista del Norte et ses nombreux tunnels.
En roulant sur la Meseta, nous apprécions à sa juste valeur l’idée d’avoir rallongé notre périple d’une année en France  pour pouvoir le cœur léger switcher cette partie du Camino frances. Un désert jaune, une plaine desséchée aux immenses parcelles plantées de céréales déjà récoltées, le chemin qui longe route et autoroute avec de temps en temps quelques arbres plantés en ligne pour dire que les pèlerins pourront mourir à l’ombre s’ils se traînent jusque là. De loin en loin, des hameaux  plus ou moins proches des voies de circulation…  Aucun regret ni envie !
 

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Nous faisons halte dans un joli village, Olmillo de Salsamon, autant pour la faim que pour le nom que nous trouvons réjouissant.
Un repas frugal dans un château-fort et nous voilà reparties pour Astorga que nous atteignons vers 16h.

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L’hôtel Spa Ciudad de Astorga nous fait de l’œil, très beau bâtiment en retrait de la rue principale, où nous entrons fièrement, satisfaites du choix d’hébergement prévu par « La pèlerine » et Samuel, notre organisateur.
L’hôtel propose un garage fermé, bonne nouvelle pour ma fidèle monture motorisée qui devra attendre sagement notre retour 15 jours plus tard. Quelques manœuvres dans cet espace sombre, rempli de poteaux mal intentionnés, aux places calculées pour  des voiturettes et Titine est garée.

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Nous partons sous un beau soleil visiter la cathédrale d’Astorga, le musée d’abord puis la nef.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’église espagnole ne fait pas dans la simplicité : de la dorure, de la broderie aux couleurs pétantes, encore une couche de doré ! Ça et les représentations du démon et des supplices, on sent le frisson de l’inquisition qui vous effleure le bas du dos, ils ont eu chaud aux fesses les fidèles du XVème siècle après qu’Isabelle de Castille « la Catholique » ait signé le décret de l’Alhambra !
La collection de vêtements sacerdotaux, les objets de culte et de procession, les manuscrits enluminés font la richesse de ce musée épiscopal.
Avant d’entrer dans la cathédrale proprement dite, nous passons devant le cloître pour nous apercevoir qu’il pleut à verse ! Où diable était donc caché ce vilain nuage ?

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 Il est reparti aussi mystérieusement qu’il était venu et c’est sous le soleil que nous dégustons une Grimbergen brune au goût exquis. Un repas avec menu du pèlerin, soupe locale,  terneras (veau) pour Didile, merluzza (merlu) pour Mumu et moi, et retour à la chambre pour le dernier tri des affaires superflues- utiles –indispensables pendant que le coffre de la voiture est à disposition. Nous essayons avec plus ou moins de succès de nous reposer avant le vrai départ.
 

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Bière - 2
Ampoule Mumu – toujours là
Merlu – 2
 

14 mai 2020

JOUR 2 (-2 avant marche) 1er septembre 2018 – Touraine – Hendaye (546 km)

JOUR 2 (-2 avant marche)
1er septembre 2018 –  Touraine – Hendaye (546 km)
En route pour Hendaye, nous faisons  un arrêt à Tresses, au sud de Bordeaux, pour déjeuner à la brasserie Régent avec Fabien (le généreux), fils aîné de Mumu, et sa compagne Héloïse. L’année dernière déjà, nous les avions rejoints en remontant de Saint-Jean-Pied de Port, une bonne habitude car nous passons à chaque fois un bon moment. Je pense que cette fois nous les avons empêchés à jamais de procréer avec nos récits d’accouchements et de séquelles traumatisantes, Mumu est tranquille pour l’instant, ce n’est pas demain qu’on l’appellera « Mamie» …Héhé … Je rigole, évidemment, étant moi-même la première  grand-mère -sûrement indigne mais- comblée des trois coquillettes, il n’y a pas de raison que je sois la seule à prendre un coup de vieux derrière les oreilles (et ailleurs).
Cap sur l’hôtel Santiago à Hendaye, bel établissement avec piscine et chambres modernes (nous en avons deux, le luxe !)

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Une petite promenade sur le port, une première bière, et une première ampoule au petit orteil pour Mumu qui dévalise la pharmacie. Nous rentrons à l’hôtel savourer un menu pèlerin, Muriel et moi choisissons le merlu à la plancha, excellent… Vraiment, qu’il est bon ce poisson !

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Notez bien ces trois éléments, bière, ampoule, merlu, je dis ça, je dis rien …
Au schloff comme disait ma grand-mère d’origine prussienne, enfin on essaie de dormir, mais le sommeil ne sera pas toujours au rendez-vous cette année.

14 mai 2020

JOUR 1 (-3 avant marche) 31 Août 2018 - Touraine sud

JOUR 1 (-3 avant marche)
31 Août 2018 -  Touraine sud
L’excitation me gagne … 18h et mes coquillettes ne vont pas tarder ! Que me réservent-elles cette année ? Après les Vamps à Éauze en 2016, les bergers basques en 2017, sont-elles à bout de ressources ? Viendront-elles en simple pèlerines ? Normales, quoi …J’ai du mal à le croire, et évidemment la suite me le confirme.
Lorsque j’avance à leur rencontre après le coup de sonnette du portail, je me retrouve devant Dom Pérignon et Guillaume de Baskerville, robes de bure et espadrilles en corde, deux moines bien peu catholiques en train de réciter un  missel tout aussi peu chrétien puisqu’une tient « Les femmes savantes » de Molière et l’autre l’opus d’un auteur grec né bien avant Jésus Christ. Elles ont fait la route dans cette tenue, perruque à tonsure comprise, provoquant la stupéfaction des automobilistes et se réjouissant à l’avance de répondre aux gendarmes qui les arrêteraient pour souffler dans le ballon « eh oui, nous sommes sobres, alors imaginez quand on a bu ! »
                                              2016                                                                                              2017
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2018

 

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J’ai donc (si besoin était, mais ça fait longtemps qu’il n’est plus) confirmation qu’elles sont allumées, mais vu que c’est tout ce qu’il faut pour un Compostelle réussi, après avoir goûté un peu de Vouvray et partagé notre agape, nous filons au lit pour rester en forme avant le long voyage vers Astorga, première étape marchée.

14 mai 2020

Compostelle 2018 - D’ Astorga à Saint-Jacques de Compostelle (environ 250 km) JOUR 1 (-3 avant marche) 31 Août 2018 - Touraine

COMPOSTELLE septembre 2018 : le récit  -   D’ Astorga à Saint-Jacques de Compostelle (environ 250 km)
 

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En cette dernière année de pèlerinage, nous avons troqué les kilomètres supplémentaires de l’année 2015 - puisque nous avions poussé le vice jusqu’à repartir sur nos pas et faire le même tronçon de « Compostelle », en 2014 par la voie de Rocamadour et en 2015 par celle de la vallée du Célé – ce qui nous a permis de franchir d’un pas de géant la portion Burgos-Leon, 175 km de Meseta, le haut-plateau aride coincé entre les montagnes basques et les monts de Leon. On ne les a pas escamotés : on avait fait 225 km (en dénivelé) de plus, on les a échangés contre 175 km sur du plat, je pense que nous pouvons marcher la tête haute !
 

14 mai 2020

JOUR 8 - 12 septembre 2017 – Logroño – Saint Jean Pied de Port - Cestas

JOUR 8
12 septembre 2017 – LogroñoSaint Jean Pied de Port - Cestas
Matinée compliquée pour Mumu : le retour se fait en taxi et la route passant par le col de Roncevaux est sinueuse.  Quand on connaît son mal des transports en voiture inconnue, on sait ce qui l’attend.
Expérimentées en la matière, nous avons prévu de lui faire ingurgiter un Lexomil de gré ou de force, et de la mettre à l’arrière, près d’Odile, chargée de l’assommer si d’aventure le bromazépam ratait son effet.
Toute la première partie sur l’autoroute  jusqu’à Pamplona, c’est du velours ! Arrivés sur la N 135, c’est une autre paire de manche. C’est indépendant de sa volonté, elle gémit au premier virage ! Le chauffeur se tourne, une (grosse) lueur d’inquiétude dans les yeux… À cet instant, il a dû imaginer les sièges en cuir de sa Mercedes ruinés à jamais par la gerboulette de sa passagère, mais je le rassure fermement, lui faisant signe de continuer sans coup férir. Quand les virages se font lacets et que les gémissements s’amplifient, j’ai tué dans l’œuf une deuxième tentative d’inquiétude d’un seul regard blasé accompagné d’un geste sûr et directif (faudrait pas qu’il nous la jette de la Benz Benz Benz !) et nous continuons la descente vers Saint Jean Pied de Port sous la pluie, croisant dans la brume les pèlerins détournés de la route Napoléon par la météo : quel dommage pour eux de rater la beauté de cette étape !
À peine dix minutes de récupération, et Mumu est d’attaque pour notre halte désormais habituelle au petit restaurant adossé aux remparts. Quelques courses dans la vieille ville, et en voiture Simone c’est moi qui conduit vers Cestas et la chambre d’hôtes d’Emmanuelle où nous faisons halte afin de rencontrer ce soir Fabien (et sa chérie Eloïse) le fils de Mumu, pour un repas arrosé de château Léognan à l’excellent restaurant du Manège (à Léognan, dans le parc du château).
Cette fois c’est bien la fin, demain c’est le retour en Touraine, suivi du départ de Mumu et Odile pour l’Yonne.
La suite du périple, ce sera l’année prochaine avec au programme … Tadadam … L’arrivée à Santiago de Compostela !!!
Rendez-vous en 2018 pour le récit de notre dernier voyage sur le Camino qui nous laissera des souvenirs impérissables, nous n’en doutons pas.
 
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BONUS
Je ne peux clore cette narration sans formuler  3 remarques :
 
-          1) Le chemin est jalonné de tombes de marcheurs de toutes nationalités morts en effectuant leur pèlerinage, c’est un peu macabre mais quand on voit la forme physique de certains, on s’étonne moins… C’est parfois un véritable chemin de croix au vu des corpulences, membres tordus, pieds abîmés, il leur faut une sacrée foi pour continuer ! Je suis admirative de leur courage, mais visiblement, ça peut  parfois mal finir…
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La réponse ??
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-          2) Il y a beaucoup d’asiatiques sur Compostelle, c’est un peu surprenant mais pourquoi pas ! En revanche, ils sont couverts des pieds à la tête, chapeautés, parfois gantés, en anorak et manteau de pluie, quand nous européens marchons en short et débardeur, encore un sujet d’étonnement !
 
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-          3) Le pèlerin qui crève sa paire de chaussures sur le Camino les abandonne sur place, craquées, rapiécées, comme une preuve de son endurance ! On en trouve sur les bornes, dans les arbres, sur les fils électriques, ça fait partie de la vie jacquaire, ceci dit c’est plus joyeux que les stèles funéraires !
 
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